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voyage en Inde
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Jour 55

Jour 55

Si la soirée de la veille nous nous sommes presque tous rendu à Summerhouse dans notre bar branchouille de Dehli, c'est bien parce qu'il s'agissait de notre dernière soirée ensemble. La fatigue et la mauvaise humeur de la journée ont fait place à d'autres sentiments: nostalgie, bonne humeur et stress avant la séparation. On se sert dans les bras (moi qui ne suis pas câlins, ça m'est venu naturellement), prend des photos ensemble, trinquons avec nos Kingfisher ou pour les filles, les cocktails infectes mais gratuits qu'ils servent là bas. Certains ne travaillerons pas le lendemain au magasin, alors les adieux et les larmes commencent...
Notre petit groupe de vétérans aux deux ouvertures est particulièrement ému après ces deux mois passés ensemble. Un peu comme dans un jeu de téléréalité lorsque quelqu'un quitte l'aventure. (Putain, merde, t'es comme mon frère, je t'aime, surtout ne change pas, on se revois à la sortie)
Le pire pour moi n'est pas encore passé: nous rentrons en touk touk... POUR LA DERNIERE FOIS!!!!
Je sais, c'est con, mais j'ai eu un bon gros pincement au cœur. Les cheveux dans le vent, les larmes aux yeux (à cause du vent) et les moustiques dans les dents, je profite de chaque seconde passée dans mon transport favori.

Mais le jour 55 a quelque chose de particulier: c'est mon dernier jour en Inde.
La journée de travail a trainé en longueur. Entre certains trop triste de s'en aller, d'autres avec une gueule de bois carabinée, on a pas envie d'en foutre une. Dehors, la file d'attente se prolonge sur le tapis rouge déroulé pour l'ouverture de demain. Des animations vidéos sont projetées sur les murs du centre commercial, et la musique commence à mettre de l'ambiance pour ceux qui passent ou qui attendent. Dedans on s'affaire aux finitions ou changements de dernière minute. Poser des stickers, débâcher les vitrines, nettoyer les poussières, nettoyer les poussières, nettoyer les poussières (oui, y'en a beaucoup), repasser les vêtements trop froissés, ajuster les éclairages (pour ma tronche, comme d'habitude!), ranger les stocks et former les équipes afin de les préparer à la folie attendue de demain. Et soudain, arrive le moment pour moi de quitter le magasin afin de préparer ma valise. Je commence avant cela à faire le tour pour dire au revoir à tout le monde. Tendres accolades, promesses de se revoir (sur Facebook du moins!), tout le monde à les larmes qui montent. Séquence émotions. Je suis très touché en recevant un cadeau de ma Jerry pour son Tom (on nous surnommait ainsi parce qu'on se chamaillait comme eux). Un pendentif en forme d'éléphant pour me porter bonheur...
Mais il ne faut pas trop trainer, j'ai encore deux mois à faire entrer dans ma nouvelle valise... direction l'hôtel. Comme par magie, tout est rentré! Les statues, les fringues, les cadeaux, mon petit touk touk... Tout est rentré, mais en revanche elle pèse un âne mort la salope! Merci à l'inventeur de la valise à roulettes (même si elles ne tiendront pas jusqu'à l'arrivée). Et merci au groom de l'hôtel qui se précipite pour la récupérer dès ma sortie de l'ascenseur. Il est tout maigrichon, presque plus petit que ma valise, mais il me dit qu'il n'y a aucun problème pour lui. J'ai bien rit je l'avoue quand je l'ai vu devenir rouge vif en essayant de la soulever.

Au jardin du bar de l'hôtel, prenant un dernier verre avec mes colocataires du loft... heu, mes collègues de l'hôtel, nous y sommes mystérieusement très calmes, presque silencieux. Nous ne sommes que deux à partir dans la demie heure qui suit, une autre dans la nuit et une dernière que demain. Que dire? qu'il y a à peine de cela huit semaines nous ne nous connaissions absolument pas? Que, soyons francs, nous ne sommes pas non plus certains de nous revoir après ce soir? Non, juste qu'on est très heureux de s'être rencontré et d'avoir pu partager tout cela ensemble.
Les au revoir au moment de monter dans mon taxi ont été encore plus triste que tous les autres, car cette fois c'est avec mes amis de huit semaines qu'ils se font. Le cœur gros, les larmes refont surface (que d'émotions, non? bah ouais je sais, mais c'est ainsi.)
Dans la voiture qui nous amène à l'aéroport un collègue et moi, il règne un lourd silence. Le chauffeur a bien essayé d'engager la discussion, nous n'avons pas ouvert la bouche. Par la fenêtre j'observe les rue de Dehli peut être pour la toute dernière fois.

Arrivé au moment du check in, la valise est trop lourde. Beaucoup trop lourde. Le poids des souvenirs? Je ne sais pas, mais ces deux statues, elles, elles ne sont pas en carton plume! Avec l'heure qui avance, je n'ai pas le choix, il me faut ouvrir ma valise et faire un choix. Plus le temps d'en acheter une nouvelle et de toute façon je ne vois pas de boutique autour de moi. Mon sac à dos est déjà rempli, mais j'arrive y caser une des deux statues. Reste quatre kilos et demi à se délester. Le choix est horrible, mais je repartirai allégé d'autant de poids de vêtement. De toute façon, les shorts, je suis pas prêts de les reporter...(Tout aura été compliqué du début jusqu'à la fin décidément).
Enfin bref, je ne veux plus qu'une chose après ça, rentrer chez moi.

Assis dans l'avion je n'en reviens pas de voir combien ces deux mois sont tout de même passés vite. Mon bilan? J'en sais trop rien. Cela a été un ascenseur émotionnel tout du long.
L'Inde? J'y ai vus des temples, des palais, des ruines, de la beauté et des horreurs. Des richesses et de la pauvreté. Rencontré pleins de gens du monde entier, même le Petit Chaperon Rouge. J'ai vus des vaches sacrées, des écureuils jouer, des singes en liberté, j'ai même donner à manger à des dizaines de chiens errants. J'y ai dormi, nagé, douché, bronzé, travaillé.
J'ai découvert, visité, exploré. J'ai reçu, acheté, négocié. J'y ai rit, j'y ai pleuré. Le temps a duré une éternité que je n'ai pas vu passer. J'ai détesté, j'ai aimer, j'ai adoré.

J'espère que vous avez apprécié comme moi cette aventure. C'est tout ce que j'ai trouvé pour vous avoir un peu avec moi.

Thank you India, I miss you already!
Namastar!

Jour 55